Selon une certaine opinion populaire inspirée par le bouddhisme, le percept donne accès au réel, tandis que le concept n'y accède pas. Ce dernier n'est donc pas un moyen de connaissance valide. Quand je vois cet arbre, par exemple, m'est donné un premier instant de perception brute. Ensuite le mental intervient pour manipuler ce réel singulier et construire artificiellement telle ou telle généralité qui ne s'y trouvait pas, du genre "c'est un arbre" ; alors que la perception livre un réel singulier, c'est-à-dire unique, incomparable et donc ineffable. Le concept est faux parce qu'il déforme et ajoute à la perception. Il n'a rien à voir avec elle. Il y aurait ainsi un gouffre entre le percept, moyen de connaissance valide qui accède au réel par-delà les mots ; et le concept, construction artificielle faite de mots. Ensuite, le percept est interprété de différentes manières : comme la perception d'une entité absolument unique, par le bouddhisme et l'existentialisme ; ou comme perception de l'être pur, par le Vedânta. Dans tous les cas, il y a un hiatus entre percept et concept. Mais cette opinion est discutable. La perception est acte de conscience. Mais le concept aussi. De plus, si les concepts ne viennent pas du percept, d'où viennent-ils ? Une solution consiste à dire que les concepts sont déjà présents dans n'importe quel percept. Le raisonnement est le suivant : toute conscience d'objet est conscience de la conscience, car c'est la conscience qui prend conscience d'elle-même, vu qu'il n'y a rien d'autre qu'elle, comme nous le prouve toute expérience. Or, tout est conscience. Donc tout dépend de la conscience. Donc tout est dans la conscience. Donc la conscience est tout. Par conséquent, quand la conscience prend conscience d'elle-même comme tel objet, elle prend conscience de tout. Et donc, en chaque perception d'objet, tous les objets possibles sont déjà présent. La conscience, douée du libre pouvoir de se réaliser partiellement - en s'excluant elle-même pour ainsi dire, comme un sculpteur qui manifeste une forme dans une pierre en excluant tout ce qui ne lui convient pas - est capable de se manifester comme le Tout qu'elle est, ou bien seulement comme tel ou tel aspect limité. Mais d'où viennent les concepts ? Ils sont des perceptions. Quand je vois cet arbre, je perçois le concept, c'est-à-dire la généralité "arbre". Mais je perçois aussi l'être, l'existence, l'identité et la différence. Les universaux sont perçus. Mais si en toute chose je perçois les mêmes généralités, comment expliquer les différences entre les choses ? Il suffit d'inverser complètement notre vision du rapport entre percept et concept. Un concept n'est pas une construction qui vient s'ajouter au percept pur. Pourquoi ? Un percept est une combinaison unique de traits généraux. Une chose est un agrégat singulier de phénomènes universaux. C'est cette combinaison d’éléments en eux-même universaux qui produit la chose singulière : cet arbre-ci, ici, maintenant, unique. Le concept extrait ensuite ces traits généraux, mais il ne les y projette pas. Conceptualiser, ça n'est pas inventer, c'est découvrir un phénomène général dans une chose singulière. Quand je vois cet arbre unique, je vois déjà l'arbre en général. Il me suffit ensuite d'extraire cet aspect, de l'abstraire, si tel est mon désir. La différence entre un percept et un concept est donc seulement une différence de degré et non de genre de connaissance. Dans tous les cas, en effet, il s'agit de perception. Un percept est simplement un ensemble de traits généraux perçus ensemble. Un concept est un trait général, mais isolé, abstrait, perçu sans contexte et, donc, universellement, atemporellement, de manière impersonnelle et décontextualisée. Dans tous les cas, il s'agit de perception, donc de conscience. Chacun est capable d'extraire ces universaux selon ses désirs et son éducation. Là où untel verra un vase, un autre verra un souvenir, un autre un moyen de stocker, un autre une arme, un autre encore ne verra que l'être pur et simple. Mais tous ces éléments sont donnés en chaque perception. L'universel est donc premier. Chaque expérience, chaque percept n'est qu'un agrégat d'éléments universels. Conceptualiser consiste simplement à abstraire un ou plusieurs universaux parmi ceux perçus. Il n'y a donc pas de gouffre entre percept et concept. Dans tous les cas, il y a perception. La différence, en revanche, est une différence de manipulation : le percept est un ensemble d'universaux donné à l'état brut, tandis que le concept résulte d'une activité mentale conditionnée par les désirs et l'éducation. Voilà pourquoi deux individus vont conceptualiser différemment le même percept. Les éléments généraux ou universaux que sont les concepts sont donc déjà présents dans les percepts, lesquels ne sont que des concepts combinés. Les idées d'être, de cause, de sujet et d'action ne sont donc pas de pure inventions mentales, mais simplement des abstractions de ce qui est donné dans la perception brute. Il n'y a donc pas de séparation essentielle entre percept et concept. Par conséquent, il est utile et sensé de cultiver des moments de perception sans manipulation ; en revanche, il est vain et faux d'opposer les percepts aux concepts, comme s'il y avait entre eux une dualité essentielle. - Artículo*: noreply@blogger.com (David Dubois) - Más info en psico@mijasnatural.com / 607725547 MENADEL Psicología Clínica y Transpersonal Tradicional (Pneumatología) en Mijas Pueblo (MIJAS NATURAL) *No suscribimos necesariamente las opiniones o artículos aquí enlazados
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