« J’ai dit que la tolérance intellectuelle était du scepticisme. Mais il en est, il est vrai, qui, sans être sceptiques, se déclarent tolérants, parce que dans les discussions ils prennent volontiers la position mitoyenne et accordent une part de vérité à chacun. Et ceci, en effet, n’est plus vraiment du scepticisme. Mais c’est mollesse d’esprit. « Si la vertu, qui est relative, remarque Bonald, peut se trouver à égale distance des deux extrêmes opposés, la vérité, toujours absolue, n’est jamais que dans l’un ou l’autre extrême. » Elle n’a pas de degrés. Une chose est vraie ou fausse. Elle ne peut pas être plus ou moins vraie. Ainsi, continue Bonald, ceux « qui prennent par goût, et, à ce qu’ils croient, par modération de caractère, les opinions moyennes » sont tout simplement « des esprits moyens ou médiocres ». — « La vérité leur paraît un excès comme l’erreur. Trop sages pour s’arrêter à celle-ci, trop faibles pour s’élever jusqu’à celle-là, ils restent au milieu, et donnent à leur faiblesse le nom de modération et d’impartialité, oubliant que, s’il faut être impartial avec les hommes, on ne peut pas, en morale, rester indifférent entre les opinions. » Ainsi ceux qui se donnent le titre d’impartiaux, conclut Bonald, sont le plus souvent des hommes sans caractère, et nul plus qu’eux n’usurpe ce titre, car, écrit-il, « dans le combat de la vérité contre l’erreur, la partialité la plus coupable est la prétendue impartialité des indifférents. »
Si vous êtes certain de ce que vous avancez, si vous avez une conviction forte, il vous sera, comme je l’ai dit, impossible de rien concéder à votre adversaire. Après cela, le laisserez-vous nuire par la propagation de son erreur ; combattrez-vous cette erreur ou non ?Ceci est une question d’espèce et de circonstances. Ce qui signifie que la tolérance est chose relative. Le Play formulait à ce point de vue une règle excellente : « La tolérance, disait-il, est opportune et utile quand la dose de mal que l’on tolère est inférieure à celle qui naîtrait de la répression. » Or cette règle est précisément celle proposée par Bonald et qu’il formule d’ailleurs presque dans les mêmes termes.
Bonald commence par offrir à notre méditation la parabole de l’ivraie et du bon grain. « Après avoir menacé des derniers malheurs, écrit-il, les sociétés où le pouvoir est divisé, c’est-à-dire les sociétés en révolution, Jésus Christ prescrit aux gouvernements des règles de prudence dans les remèdes qu’il faut apporter à cette division ; et il leur propose la belle parabole de l’ivraie jetée sur le bon grain par l’homme ennemi, pendant le sommeil du père de famille, et qui ne peut être arrachée sans perte pour le bon grain lui-même. Et n’est-ce pas la vivante image de ces fausses doctrines répandues dans la société pendant le sommeil des gouvernements, et que la violence ne pourrait peut-être extirper sans de dangereux déchirements ? »
Après quoi Bonald établit cette distinction. « La tolérance est absolue ou conditionnelle, et en quelque sorte provisoire. Absolue, elle est synonyme d’indifférence ; et c’est celle que les philosophes du XVIIIe siècle ont voulu établir. » Et Bonald rappelle ici que c’est la seule qu’il combatte. Puis il poursuit : « La tolérance provisoire ou conditionnelle signifie support ; c’est celle que la sagesse conseille et que la religion prescrit… La tolérance conditionnelle, ou le support, doit être employée à l’égard de l’erreur, et même à l’égard de la vérité. Cette tolérance consiste à attendre le moment favorable au triomphe pacifique de la vérité, et à supporter l’erreur, tant qu’on ne pourrait la détruire sans s’exposer à des maux plus grands que ceux que l’on veut empêcher.
« La tolérance absolue, ou l’indifférence, ne convient ni à la vérité ni à l’erreur, qui ne peuvent jamais être indifférentes à l’être intelligent, nécessité par sa nature à rechercher en tout la vérité et à la distinguer de l’erreur, pour embrasser l’une et rejeter l’autre. »
« La tolérance absolue, comme l’ont entendu nos sophistes, ne conviendrait donc qu’à ce qui ne serait ni vrai ni faux, à ce qui serait indifférent en soi. Or, je ne crains pas d’avancer qu’il n’y a rien de ce genre, d’indifférent dans les principes moraux, c’est-à-dire religieux et politiques, de la science de l’homme et de la société ; d’où il suit que la tolérance philosophique n’est pas d’un usage fort étendu, et qu’il eût été raisonnable de définir la tolérance, avant de déclamer avec tant d’aigreur contre l’intolérance. »
Cf. Comte Léon de Montesquiou, Le réalisme de Bonald, pp. 29-33.
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