Psicología

Centro MENADEL PSICOLOGÍA Clínica y Tradicional

Psicoterapia Clínica cognitivo-conductual (una revisión vital, herramientas para el cambio y ayuda en la toma de consciencia de los mecanismos de nuestro ego) y Tradicional (una aproximación a la Espiritualidad desde una concepción de la psicología que contempla al ser humano en su visión ternaria Tradicional: cuerpo, alma y Espíritu).

“La psicología tradicional y sagrada da por establecido que la vida es un medio hacia un fin más allá de sí misma, no que haya de ser vivida a toda costa. La psicología tradicional no se basa en la observación; es una ciencia de la experiencia subjetiva. Su verdad no es del tipo susceptible de demostración estadística; es una verdad que solo puede ser verificada por el contemplativo experto. En otras palabras, su verdad solo puede ser verificada por aquellos que adoptan el procedimiento prescrito por sus proponedores, y que se llama una ‘Vía’.” (Ananda K Coomaraswamy)

La Psicoterapia es un proceso de superación que, a través de la observación, análisis, control y transformación del pensamiento y modificación de hábitos de conducta te ayudará a vencer:

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Ansiedad / Angustia
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Adicciones / Dependencias (Drogas, Juego, Sexo...)
Obsesiones Problemas Familiares y de Pareja e Hijos
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La Psicología no trata únicamente patologías. ¿Qué sentido tiene mi vida?: el Autoconocimiento, el desarrollo interior es una necesidad de interés creciente en una sociedad de prisas, consumo compulsivo, incertidumbre, soledad y vacío. Conocerte a Ti mismo como clave para encontrar la verdadera felicidad.

Estudio de las estructuras subyacentes de Personalidad
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Visualización Creativa
Concentración
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Exploración de la Consciencia

Desde la Psicología Cognitivo-Conductual hasta la Psicología Tradicional, adaptándonos a la naturaleza, necesidades y condiciones de nuestros pacientes desde 1992.

domingo, 27 de noviembre de 2016

ridoux.fr

Première Partie : Essai de caractérologie Le Cardinal de Richelieu (1585-1642) fait incontestablement partie de la galerie des hommes d'État illustres qui ont façonné l'Histoire de France. Comme tous les grands hommes, il s'offre à nous sous trois prismes différents, qu'il est parfois difficile de distinguer : d'abord, en surface, celui de la légende entretenue par les générations successives, et, dans le cas de Richelieu, par les romans d'Alexandre Dumas et l'historiographie de la IIIe République, qui a fait de lui « l'homme rouge », à la fois sublime et terrifiant ; ensuite, celui de l'œuvre réellement laissée par le personnage ; enfin, celui de l'homme privé, dans sa dimension psychologique, qui est sans nul doute le plus difficile à connaître. Nous voudrions, dans la présente étude, porter un regard astrologique sur Richelieu, en tenant compte de ces trois dimensions. M. Charles Ridoux nous ayant fait, nous l'en remercions, le beau témoignage d'amitié de nous ouvrir les colonnes de son site, nous nous efforcerons de remplir ce programme en deux temps : d'abord, dans une première partie, nous traiterons de l'homme, de son « paysage intérieur » tel que son thème natal nous le laisse entrevoir, et nous tenterons de dresser une étude caractérologique de sa personnalité ; puis, dans une seconde partie qui sera publiée prochainement, nous tâcherons de réaliser une « biographie astrologique » du Cardinal. Autrement dit, si ce premier essai a pour vocation de présenter la structure du thème natal de Richelieu, tel que nous la percevons, notre prochain article aura pour objet, lui, de « regarder » ce thème non plus de façon figée mais en action dans le temps et en interaction avec le thème des personnalités ayant croisé la route du Cardinal. Richelieu et l'astrologie Un mot s'impose, avant de débuter cette étude, concernant les rapports de Richelieu avec l'astrologie. Nous n'avons pas eu l'occasion de lire d'étude astrologique, jusqu'ici, du thème du Cardinal, hormis, les quelques lignes que lui consacre André Barbault dans son Traité d'Astrologie, où il s'efforce de cerner la dominante du thème de quelques grands noms de l'Histoire de France. Il attribue ainsi à Richelieu une dominante marsienne qui est effectivement saisissante dans son thème ; mais, en ce qui nous concerne, nous avons jugé, comme cela sera développé plus bas, qu'une dominante Mars-Mercure sur fond solaire était mieux à même de rendre compte des différents aspects de sa personnalité, même si sa facette marsienne reste sans doute la plus évidente de prime abord. Pour le reste, sans doute a-t-il existé par le passé une étude plus fournie des astralités de « l'homme rouge », mais nous n'avons effectué de recherche en ce sens, et cette étude s'appuie donc principalement, outre évidemment le thème du Cardinal, sur quelques biographies et essais qui sont, à notre sens, les plus pertinents, et que nous signalerons au fur et à mesure en notes de bas de page. Qu'aurait pensé l'illustre Cardinal d'une étude astrologique le concernant ? Nous n'en savons rien, bien sûr, mais ce que nous pouvons dire, c'est que Richelieu, en tous les cas, tenait l'astrologie en haute estime. C'est à lui que l'on doit d'avoir l'horoscope de Louis XIV, puisqu'il prit grand soin de faire noter l'heure de la naissance du Dauphin. Il fit d'ailleurs établir son thème par Tommaso Campanella, qu'il avait réussi à faire sortir des prisons de l'Inquisition, à Milan, où il était détenu. De façon plus générale, Richelieu était homme à croire au « destin », et l'historien Michel Carmona a noté, par exemple, avec quelle minutie il a recensé personnellement tous les « signes » ayant, à ses yeux, annoncé la mort du Roi Henri IV. Quant à ce qui est de dresser le thème du Cardinal, cela nous est rendu facile par le fait qu'il avait lui-même demandé à l'astrologue Morin de Villefranche de le faire, et que Morin semble avoir établi avec une grande précision le moment de sa naissance : le 9 septembre 1585, à 9h34, à Paris. Le lieu de naissance du Cardinal a été, à une époque, un sujet de débat entre érudits, mais ce débat a été définitivement tranché par l'historien Joseph Bergin, qui a prouvé, en examinant divers papiers notariés signés par la mère du Cardinal, que celle-ci ne pouvait être qu'à Paris au moment de la naissance. Un Vierge ascendant Scorpion Le thème de Richelieu ainsi dressé, nous pouvons faire les constatations suivantes : le Cardinal est né sous le signe de la Vierge, avec l'Ascendant en Scorpion, la Lune en Poissons et le Milieu du Ciel en Lion. Deux planètes sont proches des angles : Mars en Scorpion et Vénus en Lion. L'impression générale que l'on peut en avoir est celle d'un thème relativement éclaté, et constitué d'une suite de conjonctions qui chacune semble avoir son individualité propre et jouer un rôle bien particulier dans la personnalité du natif : conjonction Soleil-Mercure en Vierge et en maison XI, conjonction Mars-Ascendant, conjonction Saturne-Pluton en Bélier et en maison VI, conjonction Vénus-Neptune en Lion et en maison IX. La Lune en Poissons prend place dans ce dispositif en s'opposant à la conjonction Soleil-Mercure, dessinant ainsi une sorte de faisceau qui semble traverser le zodiaque « d'une rive à l'autre ». Cette étude du thème natal du Cardinal s'articulera de la façon suivante : en premier lieu la recherche de la dominante ; dans un deuxième temps, l'étude de « l'arrière-plan » psychologique que nous laisse entrevoir ce thème. I - La recherche de la dominante : Mars et Mercure, maîtres du thème du Cardinal « L'homme rouge », ou la puissance de Mars en Scorpion La figure qui attire immédiatement l'œil, dans le thème de Richelieu, est sans nul doute la conjonction de Mars à son Ascendant. En effet, pour l'astrologue habitué à repérer les angularités comme des indices de la dominante d'un thème natal, cette figure est particulièrement saisissante : la conjonction en question est si rapprochée (moins d'un degré) que l'on pourrait presque parler de « superposition » de Mars sur l'Ascendant du Cardinal. Ce relief marsien est doublement accentué lorsqu'on songe qu'il s'effectue dans le signe du Scorpion, dont Mars est traditionnellement le gouverneur, même si Pluton s'est joint à lui depuis sa découverte. Et, pour renforcer encore ce symbolisme, il faut ajouter que Mars « dispose » de la conjonction Saturne-Pluton du Cardinal, en Bélier. Comment s'étonner, dès lors, que les rêves de jeunesse de Richelieu aient été des rêves de gloire militaire ? A sa sortie du Collège de Navarre, à l'âge de quatorze ans, il intègre l'Académie de Pluvinel, où il se prépare à devenir soldat. Il se montre brillant cavalier, et un bel avenir lui semble promis dans cette voie lorsque le destin en décide autrement : les revenus de l'évêché de Luçon menaçant d'échapper à la famille, suite au refus de son frère Alphonse d'en assumer la responsabilité, sa mère, Suzanne de La Porte, et son oncle, Amador de La Porte, décident qu'il sera évêque, obligation à laquelle il se plie finalement de bonne grâce. De cette première vocation, Richelieu gardera néanmoins des traces tout au long de sa vie. Son physique, tel que nous pouvons le voir à travers les portraits qui nous sont parvenus, porte indéniablement la griffe de Mars : nez aquilin, moustache relevée à la royale, regard de rapace ; impression morphologique que le Cardinal appuie encore davantage en posant généralement debout, comme les gens d'armes, et non assis, comme la tradition le veut pour les hommes d'Église. Le regard impérieux et dominateur est l'un des traits les plus généralement relevés par ses contemporains, un regard qui peut presque se passer de paroles pour imposer sa volonté. Après une rencontre avec les délégués du clergé venus lui demander de modérer ses exigences financières à leur égard, l'abbé de Saint-Josse écrira : « Quelque résolution qu'ils eussent prise de parler hautement et courageusement au Cardinal, un regard de ses yeux les a abattus ». Si le physique est marsien, le tempérament ne l'est pas moins. En dépit des états maladifs qui le rongeront toute sa vie, le trait le plus remarqué chez Richelieu, tant par ses amis que par ses ennemis, et ce tout au long de sa vie, est son énergie hors du commun. Déjà, le jeune élève du Collège de Navarre est décrit par tous ses biographes comme un enfant rebelle et indomptable, malgré la discipline impitoyable de cet établissement. A l'Académie de Pluvinel, ses maîtres voient en lui un futur officier passionné et même volontiers téméraire. Durant ses études de théologie, il est capable d'ignorer presque totalement le sommeil, vivant intensément le jour et étudiant la nuit. Évêque de Luçon, il parcourt son évêché de long en large du matin au soir et consacre ses nuits à sa correspondance et à la rédaction d'écrits théologiques. Ministre, rien ne semble pouvoir l'arrêter. Infatigable, il s'occupe de tout et prétend tout contrôler. Lors du siège de La Rochelle, on le voit prendre à plusieurs reprises des risques physiques, monter sur les parapets, braver la mitraille [1]. Avec les années, sa santé se dégrade considérablement, mais, à la fin de sa vie, il ne dort pas plus de quatre heures par nuit, alors que toute la journée ses activités multiples sont entrecoupées par des accès de fièvre, des saignées, des crises d'abattement. D'une maigreur effrayante, au point que l'on se plait à dire que sa robe rouge ne recouvre plus qu'un squelette, seule sa volonté de fer semble encore le faire tenir debout. Qu'importe cependant : durant des années, il fait preuve d'une capacité de régénération inouïe, propre au type Scorpion. A plusieurs reprises, on le croit agonisant et on est sur le point de lui donner les derniers sacrements lorsqu'il « ressuscite » d'un seul coup. C'est cette force vitale prodigieuse qui fera écrire à Malherbe, dans une lettre à Racan : « Vous savez que mon humeur n'est ni de flatter, ni de mentir, mais je vous jure qu'il y a en cet homme quelque chose qui excède l'humanité ». Évidemment, il fallait à un tel caractère une vie aussi marsienne que son tempérament. Son existence est une suite continuelle de batailles : contre les Protestants, contre les Grands du Royaume (l'opposition permanente de ceux-ci lui vient de son carré Soleil-Jupiter), contre les Habsbourg, contre l'entourage du Roi, contre la maladie. A plusieurs reprises, il manque de peu d'être assassiné, et, sous son ministère, les exécutions capitales se multiplient, certaines d'entre elles figurant à jamais dans la mémoire populaire (notamment celle de Cinq-Mars). Il mène ces luttes dans un climat perpétuel de secret et d'angoisse, caractéristique du Scorpion, qui se devine lorsqu'on le voit écrire : « Il faut dormir comme le lion, sans fermer les yeux que l'on doit avoir continuellement ouverts. » Appliquant à la lettre la maxime de Machiavel selon laquelle « il est beaucoup plus sûr de se faire craindre qu'aimer », il fait de la dureté marsienne une règle de gouvernement. Sans doute le Scorpion en lui s'acharne-t-il parfois sur ses ennemis au-delà du raisonnable, lorsque, par exemple, il choisit de gracier sur l'échafaud seulement le commandeur de Jars, en 1633. Les qualificatifs utilisés par les libellistes de l'époque, s'ils sont évidemment caricaturaux, reflètent largement le sentiment que peut inspirer un Mars-Scorpion dominant (position que le Cardinal partage avec Staline) : « signalé bourreau », « cruel Philistin », « prince de la guerre », « Fléau de la Terre », « qui fait régner l'injustice et le fer », « tyran de son maître », « tyran des Français », « tyran de la France », « grand tyran inimitable », « tyran passant tous les tyrans » [2] ! Au moment de sa mort, le climat de terreur inspiré par ce même Mars-Scorpion transparaît dans les sonnets qui prolifèrent, tel que celui-ci, particulièrement éloquent : Quoi que j'aie entrepris, soit de bien soit de mal,J'ai toujours rencontré de fidèles complices,Et le Ciel et l'Enfer m'ont été si propicesQu'on ne sait qui des deux me nomma Cardinal. J'ai fait régner le fils, j'ai fait bannir la mère,Et si j'eusse vécu j'eusse perdu le frère,Voulant seul de l'État gouverner le timon. Qui m'a voulu choquer a senti ma puissance,Pour dompter l'Espagnol, j'ai ruiné la France,Jugez si j'en étais ou l'ange ou le démon [3]. Relié par un trigone à Uranus, ce Mars-Scorpion est le signe d'une concentration absolue de la volonté. D'un point de vue caractérologique, Richelieu est un exemple très net de « passionné » (émotif-actif-secondaire), au point qu'il est d'ailleurs pris en exemple par René Le Senne lui-même dans son Traité de caractérologie [4] : sa volonté est totalement ramassée sur un seul but, le service du Roi et de l'État, la réalisation de son œuvre politique. Uranus agit comme un facteur de concentration, ramenant vers l'unité la tendance marsienne qui, d'ordinaire, porte au contraire à la dispersion vers la multiplicité. Le marsien classique correspond en effet au type « colérique » (émotif-actif-primaire), constamment soucieux d'aventures et de nouveauté. Cet élément n'est pas absent de la personnalité du jeune Richelieu, mais, avec l'âge, le trigone uranien accentue sa secondarité et l'amène à discipliner sa nature, et à canaliser sa combativité extraordinairement développée dans une direction unique. Cette discipline débouche sur une transformation radicale de la personnalité, dont tous les éléments (physiques, vitaux, mentaux et même spirituels) sont mis au service d'une passion qui règne souveraine sur sa vie, totale et exclusive. (…) Les uns ont parlé de son prurit de domination, les autres de sa passion pour son pays. Là aussi, les frontières disparaissent. Il lui faut être le grand ministre d'une France grandiose. Richelieu sacrifiera tout au succès de cette entreprise, y ramènera tout. Il n'en distraira jamais son esprit, fût-ce dans les circonstances les plus inattendues. Il y pensera en jugeant la foi d'un prêtre, la vénalité d'un parlementaire, la beauté d'une jeune fille [5]. A la lumière de ces indications, l'œuvre et l'image laissées par Richelieu nous semblent donc largement conditionnées par son Mars-Scorpion dominant en trigone à Uranus, et c'est cet aspect de sa personnalité que les écoliers de la IIIe République apprendront dans leurs manuels : le ministre terrifiant et belliqueux qui a néanmoins mis sa personnalité inquiétante au service de l'État. Sa légende semble devoir rester pour toujours celle de « l'homme rouge » (couleur marsienne). De ce point de vue, il est significatif qu'André Barbault, étudiant dans son article « Le champs de Mars » la galerie des marsiens illustres de l'Histoire de France, cite Richelieu, homme d'Église, comme son premier cas d'étude, devant toute une série de personnages ayant pourtant fait, eux, une carrière militaire [6] ! Le rusé Cardinal : un mercurien au service du Roi Si Richelieu est incontestablement Marsien, on discerne cependant rapidement une seconde composante de sa personnalité, que sa physionomie nous montre d'emblée : ses traits sont ceux d'un bilieux, nous l'avons vu, mais sa silhouette est nerveuse, et la robustesse des Marsiens lui fait défaut. Son visage triangulaire laisse entrevoir une nature en réalité beaucoup plus cérébrale que physique, et l'étude de sa vie le confirme : s'il se passionne pour la chose militaire, c'est, une fois sa jeunesse terminée, en stratège bien plus qu'en soldat. Il est homme de cabinet, penché sur des cartes de l'Europe, et, malgré son intrépidité lors du siège de La Rochelle, il a finalement peu de goût pour la fréquentation des champs de bataille, que le Roi Louis XIII, avec un Mars en Lion au sextile du Soleil et de Jupiter, affectionne, lui, tout particulièrement. Cette « cérébralisation » des tendances marsiennes pourrait résulter, en partie, du caractère « uranisé » de ce Mars. Néanmoins, la nature éminemment pensive et calculatrice du Cardinal (sans qu'il faille nécessairement attribuer un sens péjoratif à ce dernier terme), relève d'une dominante à part entière de son thème, et cette dominante est, selon nous, mercurienne. Le Mercure de Richelieu se trouve chez lui, en Vierge, et sa puissance lui vient des aspects majeurs qu'il forme avec les deux luminaires (conjonction au Soleil et opposition à la Lune), outre le fait qu'il « maîtrise » à la fois le Soleil du Cardinal, lui aussi en Vierge, et son Jupiter en Gémeaux. Comme souvent, ce sont les libellistes et pamphlétaires de l'époque qui ont eu le regard le plus acéré de ce point de vue, et ont immédiatement fait de Richelieu non pas seulement un tyran marsien, mais un manipulateur doté d'une sorte d'habileté diabolique que l'on peut sans peine attribuer à Mercure. Dans sa « légende noire », la brutalité de Mars se mêle étroitement à la ruse de Mercure, au point que les deux finissent par devenir indissociables. Il mêle la douceur du miel A l'amertume de son fiel.Il ne perce qu'en caressant, Il n'étouffe qu'en embrassant.Il flatte même lorsqu'il tueEt son âme n'est jamais nue [7]. Loin de ces propos caricaturaux, les portraits tracés par les contemporains du Cardinal mettent cependant en évidence ses traits mercuriens. Richelieu est régulièrement décrit comme un homme en mouvement perpétuel, un nerveux ayant des gestes saccadés, de brusques sautes d'humeur, et, surtout, une adaptabilité remarquable. Bien que profondément angoissé par l'idée de perdre le contrôle, cet homme a l'art de toujours répondre par l'attitude adéquate à n'importe quelle situation, pouvant se montrer implacable à tel moment, et charmeur l'instant d'après. « Il se change comme il veut, et après avoir paru gai, en un instant semble demi-mort » écrit Tallemant des Réaux [8]. Sous l'effet de l'opposition à la Lune en Poissons, cette mobilité mercurienne se traduit même par une étonnante capacité lacrymale ! C'est Marie de Médicis qui le confie : « Il pleure quand il veut ! », affirmation maintes fois confirmée, notamment par Maximin Deloche qui évoque à son sujet « le ruisseau de larmes qu'il répand quand il lui plait ». Il a également la rapidité du mercurien, avec, pour corollaire, une impatience qu'il contrôle tant bien que mal, et que Mazarin notera dès leur première rencontre : « Il faut négocier brièvement, car il se lasse vite [9] ». Dans l'intimité, Mercure donne à Richelieu le goût des farces et des jeux de mots. Il n'aime rien tant que se faire divertir par son entourage, et tout particulièrement par l'abbé de Boisrobert qui joue en quelque sorte le rôle de « bouffon » auprès de lui : « Le Cardinal se chatouillait souvent pour se faire rire. Il envoyait chercher Boisrobert et les autres qui le pouvaient divertir, et il leur disait : Réjouissez-moi, si vous en avez le secret [10] ». Il rit aux éclats lorsque Boisrobert joue devant lui une parodie du Cid, avec la plaisanterie restée célèbre : - Rodrigue, as-tu du cœur ?- Je n'ai que du carreau ! Il se montre volontiers moqueur et raffole des traits d'esprit. Un jour qu'il reçoit Madame de Puisieux, et sa fille, Madame de Maulny, il prie celle-ci, qui n'est pas mariée, de lui chanter une chanson dont on raconte qu'elle la fredonne dans tout Paris. Après s'être longuement fait prier, Madame de Maulny récite une chanson de laquais assez vulgaire, qui se termine par : « J'ai grand mal au vistanvoire, j'ai grand mal au doigt ! » Imperturbable, Richelieu déclare froidement à sa mère : « Madame, je vous conseille de bien prendre garde au vistanvoire de Mademoiselle votre fille ». Il est vrai que son humour de mercurien facétieux est parfois d'un genre assez spécial. Ainsi, il fait un jour venir chez lui un marchand de pierreries, Lopès, qu'il apprécie, mais sans résister au plaisir de lui faire une mauvaise farce. Il lui demande d'apporter avec lui toutes les pierreries qu'il pourrait vendre, absolument toutes. Durant son voyage, il envoie de faux voleurs se précipiter sur le pauvre Lopès, et se fait raconter la frayeur éprouvée par celui-ci avec délectation ! Lorsqu'il apprend que le malheureux est tombé malade du choc et se trouve alité, il l'invite à sa table [11]… Comme pour Mars, Mercure n'influence pas seulement la personnalité mais aussi le destin du Cardinal. L'adaptabilité est pour lui plus qu'un atout : une nécessité absolue dont dépend sa survie politique. Il doit en permanence s'adapter aux humeurs du Roi, saturnien mélancolique, et chaque séance du Conseil est pour lui l'occasion de déployer ses talents d'acteur mercurien pour peser sur les décisions royales. En effet, si son Mars-Scorpion à l'Ascendant donne au Cardinal l'image d'un chef tout-puissant, il est en réalité, par son Mercure de la Vierge conjoint au Soleil, absolument dépendant de la personne royale, laquelle n'a pas toujours été bien disposée à son égard. Richelieu fait trembler les Grands du Royaume et les Princes étrangers, mais il tremble lui-même chaque jour à l'idée de perdre la faveur royale, et, à cet égard, il ne trouva jamais le repos, comme vint en témoigner l'affaire Cinq-Mars quelques mois seulement avant sa mort. C'est ce qui fait dire à Françoise Hildesheimer, sans doute la meilleure biographe du Cardinal, que Richelieu fut un « homme d'influence » bien plus qu'un « homme de puissance », et cette influence il la doit à son talent mercurien d'homme du verbe. En effet, tout l'ascendant de Richelieu sur le Roi repose sur sa capacité à verbaliser, écrire, conceptualiser, planifier ce qui chez Louis XIII n'est qu'un idéal puissant mais nébuleux. Le Roi veut la grandeur de son Royaume ; Richelieu est celui qui sait lui dire en quoi elle consiste, comment l'obtenir, et qui, surtout, sait trouver chaque fois les mots justes pour le faire. Dans un chapitre très intéressant du livre qu'elle a consacré au Cardinal, F. Hildesheimer met ainsi en parallèle « Louis XIII, ce roi bègue et taciturne, et Richelieu, ce virtuose, voire ce magicien du verbe [12] », parallèle entre un Roi saturnien et un Ministre mercurien, qui aboutit à l'obtention par celui-ci non pas de la véritable puissance, laquelle, contrairement à la légende, ne saurait appartenir à personne d'autre qu'au Roi, mais d'un « ministère de la parole [13] » qui lui assure la possibilité d'orienter en permanence les décisions royales. Il en résulte donc que Mercure, chez Richelieu, n'indique pas seulement des traits de caractère majeurs, mais correspond à sa vocation profonde. Après s'être rêvé, dans sa jeunesse, en soldat marsien, le mercurien de la Vierge est finalement devenu un Ministre-Conseiller, qui a conquis son pouvoir non par les armes mais par sa parole : c'est tout le sens de ce Mercure dominant. II - L'arrière-plan psychologique : la sublimation solaire Au vu des observations qui précèdent, la formule Mars-Mercure nous paraît résumer l'essentiel du tempérament du Cardinal de Richelieu. Pour être plus précis, nous dirons que celui-ci est le produit d'une combinaison entre un Mars du Scorpion et un Mercure de la Vierge, et c'est cette association qui détermine à la fois sa personnalité, les conditions de son existence, et l'œuvre qu'il a laissée à la postérité. Il nous faut maintenant rechercher dans quel « paysage psychologique » cette dominante s'est déployée. S'il fallait recourir à une métaphore littéraire, nous dirions que Richelieu est un « personnage » de type Mars-Mercure qui vit un drame solaire. En effet, une fois passée l'étude de la dominante, l'arrière-plan de son thème nous ramène constamment vers un aspect central : l'opposition du Soleil et de la Lune, tension qui parcourt toute sa destinée et qui n'a trouvé de solution que dans une subordination toujours croissante (et éminemment conflictuelle) de toutes ses ressources à son idéal solaire. L'opposition Soleil-Lune : une personnalité duelle L'opposition des deux luminaires dans un thème de naissance constitue toujours un aspect fondamental. Elle laisse entrevoir un déchirement dans la psychologie du natif et, par répercussion, dans son destin. Chez Richelieu, le Soleil à 16 degrés de la Vierge, en Maison XI, s'oppose à la Lune à 19 degrés des Poissons, en Maison V. Dès le premier coup d'œil, par sa disposition sur la carte du ciel, nous pouvons voir qu'il s'agit d'un aspect structurant du thème, comme le sont souvent les oppositions, en traversant le zodiaque d'une extrémité à l'autre. On peut donc s'attendre légitimement à trouver chez lui la manifestation d'une profonde dualité, et c'est dans sa position sociale que nous la trouvons en premier lieu. Nous sommes en effet en présence d'un homme qui est à la fois Ministre et Cardinal, et qui, à plusieurs reprises, ressentira la tension qui peut exister entre ces deux fonctions. En effet, contrairement à la légende, Richelieu, parvenu au sommet de sa carrière politique, n'en restera pas moins toujours attentif à ses devoirs religieux et aux cas de conscience que ceux-ci peuvent lui procurer [14]. En 1636, alors que la France vient d'entrer « ouvertement » dans la Guerre de Trente Ans et que le Cardinal est plus que jamais en état de surmenage, il écrit, la nuit, un Traité de la perfection du chrétien, sans doute son œuvre la plus personnelle, dans laquelle il laisse entrevoir un homme profondément soucieux de son salut. Bien sûr, ses contemporains ne manquent pas de gloser sur cette opposition, que l'abbé de Choisy résumera en disant que « Richelieu avait sur la même table son bréviaire et Machiavel ». Il y a donc là la première manifestation de l'opposition Soleil-Lune du Cardinal : en lui s'opposent l'administrateur politique (Soleil-Vierge) et le dignitaire religieux (Lune-Poissons). Cette opposition reflète cependant une dualité psychologique plus grande encore. La confrontation du Soleil et de la Lune constitue, du point de vue symbolique, un affrontement entre l'esprit et l'âme. André Barbault nous la décrit de la façon suivante : L'aspect dissonant apporte une disjonction, une dissociation psychique, souvent liée à des conflits du couple parental. La partie masculine et la partie féminine de l'être tirent « à hue et à dia », le sujet pouvant être, dans l'opposition, à moitié masculin et à moitié féminin, d'où une division, une dissociation psychique préjudiciable à l'unité et à l'équilibre intérieurs, d'où surtout des conflits de l'être dans ses rapports avec l'autre sexe. C'est Goethe évoquant, par la voix de Faust, les deux âmes qui habitent dans sa poitrine, et Musset parlant à propos de lui de « l'étranger qui lui ressemble comme un frère [15]. Cette description correspond de manière troublante, il faut le dire, à Richelieu. Même si cet aspect de sa personnalité n'est pas forcément celui retenu par la légende, le Cardinal est en effet intimement divisé entre un pôle rationnel masculin et un pôle irrationnel féminin, division qui constitue sa principale source de tension intérieure tout au long de sa vie. En apparence, le Soleil-Vierge l'emporte. La « raison » est un thème omniprésent dans le discours du Cardinal. Il n'est pas un seul de ses écrits, depuis les ouvrages théologiques jusqu'aux pièces de théâtre, qui ne se voie investi de la défense de la raison, du raisonnable et du rationnel. Dans son Testament politique, il consacre même l'un de ses principaux chapitres à cette question : « Qui montre que la raison doit être la règle et la conduite d'un État ». F. Hildesheimer a recensé, dans cet ouvrage, pas de moins de 173 occurrences du mot « raison ». Plus encore, la raison est pour lui le fondement de l'autorité. Le bon Roi est celui qui sait prendre les décisions les plus raisonnables ; à l'inverse, le peuple doit être bridé à cause de sa difficulté à se plier aux principes que dicte la raison. « (…) c'est une véritable cité idéale qui se déduit d'une politique raisonnée de la raison [16] ». Certes, il faut immédiatement préciser ici que voir en Richelieu une sorte de Descartes engagé en politique, comme certains ont été tentés de le faire, serait tout à fait inadéquat. Les travaux de François Bluche et surtout de Françoise Hildesheimer ont au contraire démontré que la notion de « raison », chez Richelieu, se rattache à Aristote et Saint-Thomas d'Aquin, et non pas à Descartes. Mme Hildesheimer note ainsi que « si le Cardinal rapporte la raison à Dieu, Descartes, lui, part du cogito pour fonder une connaissance raisonnable qui aboutit à Dieu (…) Le Cardinal est encore, et très normalement, un scolastique de son époque, et ce que l'on peut prendre chez lui pour du cartésianisme répond d'abord à un souci de facilité d'expression : diviser les problèmes, progresser méthodiquement, les exposer le plus simplement et le plus logiquement possible… ». Il n'empêche qu'une telle prolifération de la « raison » sous sa plume a de quoi interpeller. Elle correspond indéniablement au type Vierge auquel il appartient, mais elle nous révèle également, si l'on est attentif, une certaine angoisse devant ce qui lui échappe, et même, disons-le, la crainte, précisément, de ne pas suffisamment faire preuve de raison. « De ce mot, comme de la notion (celle-ci étant pour lui à géométrie variable), il fait un usage que nous pourrions dire vraiment déraisonnable [17] ». Lorsque Richelieu défend quelque position dont il sait qu'elle est sujette à contestation, il s'empresse de la qualifier de « raisonnable », ce qui devant être dès lors évident pour tout le monde, le dispense d'argumenter plus avant… François Bluche a ainsi pu parler d'un « alibi de la raison » de sa part. Encore ne s'agit-il ici, au fond, que de politique. Mais qu'en est-il lorsque l'on voit Richelieu revenir sans cesse sur « la vertu mâle et la fermeté inébranlable » que réclame selon lui la conduite des affaires, et blâmer à longueur de temps « ceux qui sont vindicatifs de leur nature, qui suivent plutôt leurs passions que la raison » ? Ne peut-on pas y déceler les assauts d'un Soleil-Vierge se sentant menacé, à l'intérieur même de sa personnalité, par la Lune en Poissons qui lui fait face ? C'est qu'il existe en effet un « autre » Richelieu. Et celui-ci, bien loin de se montrer toujours « mâle » et « raisonnable », s'attribue à lui-même, dans sa correspondance, des « nerfs de femme » qu'il n'est pas difficile de relier à sa Lune en Poissons. Au point d'ailleurs que l'on a pu relever le caractère mensuel des crises de cyclothymie dans lesquels il sombre régulièrement, à l'image des menstrues. Sans tomber dans le travers d'une interprétation psychanalytique douteuse, on peut tout de même noter que le Cardinal a passé son enfance dans un milieu singulièrement féminin. Son père étant mort alors qu'il n'a que cinq ans, il grandit avec pour seule compagnie sa mère, dont il hérita semble-t-il de son hypersensibilité, et sa grand-mère, Françoise de Rochechouart, au caractère fier et sévère, dans le décor sombre du château familial, une bâtisse déjà jugée trop vieille à son époque… « Enfant sensible et fragile, malingre, sujet aux fièvres et aux maux de tête, couvé par une mère aimante, ne pouvant se définir par référence ou opposition à son père du fait de l'absence, puis de la mort de celui-ci, notre Armand-Jean s'identifie tout naturellement à cette mère dont il est si proche ; elle lui transmet cette hypersensibilité maladive que l'homme politique devra s'employer à dominer [18] ». Tallemant des Réaux a noté avec amusement comment Richelieu, bien des années plus tard, aménagera la chambre de sa nièce : « une petite chambre où il y avait six poupées, une femme en couche, une nourrice quasi au naturel, une garde, une sage-femme et la grand-maman ». Cela trahit d'une façon presque caricaturale à quel point la représentation de l'enfance est pour lui teintée de féminité… Nous avons déjà vu, par ailleurs, avec quelle facilité les larmes peuvent lui venir. Le talent d'acteur mercurien y est sans doute pour beaucoup, mais il est un fait qu'en plusieurs moments marquants de son existence, et même lors d'évènements plus banals, la première réaction du Cardinal a été de fondre en larmes. Lors de la journée des Dupes, en novembre 1630, il s'agenouille même en pleurant devant Marie de Médicis. L'homme d'État loué pour sa constance et sa persévérance implacable, fait parfois preuve, en mode Poissons, d'une troublante tendance à la résignation et à la fuite. Chaque fois qu'il est la cible d'une complot ou d'une attaque, il offre sa démission au Roi, ce qui correspond, il est vrai, à un calcul politique de sa part, exprimant son souhait de se voir réaffirmer expressément la confiance royale ; mais, à plusieurs reprises, il semble qu'il souhaite réellement se retirer. Lors de la Journée des Dupes, encore, après que Marie de Médicis ait été sur le point d'obtenir son renvoi par Louis XIII, il court chez lui rassembler ses papiers et se prépare à rejoindre Le Havre, dont il est gouverneur, en catimini. La légende d'un Richelieu combatif et sûr de lui d'un bout à l'autre de l'affaire n'a été forgée qu'après coup… S'il est en effet remarquablement pugnace sur le long terme, les mauvaises nouvelles le plongent dans des crises d'abattement terrifiantes. Ses collaborateurs, effrayés, prennent peu à peu l'habitude de ne les lui annoncer que de façon très progressive, tant il peut sembler fragile. Inversement, il accueille les bonnes nouvelles avec une excitation qui cadre mal avec son image d'homme « raisonnable ». Le messager venu lui apprendre sa promotion au Cardinalat en 1622 le voit sauter, chanter et danser pendant de longues minutes, avant de rester totalement ébahi par l'ardeur avec laquelle le Cardinal vient l'embrasser ! La « dissociation psychique » dont parle André Barbault à propos de l'opposition Soleil-Lune est donc bien présente dans le cas de Richelieu. Elle se fait d'autant plus violente que ces deux pôles se combattent mutuellement, et cet affrontement semble parfois le mener bien près de la folie. Comme le note Michel Carmona, « l'insistance mise par tant de littérateurs de l'époque à rappeler les antécédents familiaux des Richelieu en la matière montre que la plupart des gens de Cour considéraient très sérieusement que le Cardinal avait, comme nous dirions aujourd'hui, un grain dans la cervelle [19] ». Il est exact que sa famille semble très fragile sur ce point. Son frère Alphonse, celui auquel aurait dû revenir l'évêché de Luçon qu'il refusa d'assumer, alors plongé dans une crise de mysticisme, a de temps en temps des crises de folie au cours desquelles il se prend pour… Dieu le Père ! Pour ce qui est de sa sœur, Nicole, la folie est chez elle un état constant ; elle finit ses jours enfermée dans une maison de Chinon, refusant de s'asseoir pour ne pas briser son postérieur dont elle est convaincue qu'il est en verre… Quant à Richelieu, s'il est apparemment maître de lui dans les circonstances ordinaires, une surcharge d'activité peut facilement le faire basculer dans des comportements qui rappellent ceux de sa fratrie… On raconte ainsi, sans pouvoir démêler le vrai du faux, qu'il lui arrive, lorsque la tension nerveuse devient insoutenable, de se prendre tout à coup pour un cheval et de donner des coups de canne à ses domestiques en hennissant, avant de se coucher, et ne plus se rappeler de rien à son réveil ! Son bibliothécaire Gabriel Naudé écrit, lui, que « Richelieu se divertit parfois à lutter avec ses gens, à les tirer d'un coin de sa chambre avec une sarbacane, à leur jeter des livres à la tête »… Ses accès de colère sont l'occasion d'un véritable déchainement au cours duquel il se montre furieux, vindicatif, sa nervosité de mercurien le rendant tremblant et remuant à l'extrême. Comment croire, dès lors, le Soleil-Vierge lorsque, reprenant le dessus, il affirme « mes colères ne sont fondées qu'en raison » ? Il y a tout lieu de croire que ces paroles traduisent la volonté souvent mise à mal de ce Soleil en Vierge de domestiquer la Lune en Poissons qui lui fait face et qui s'accorde bien peu avec son idéal de raison. Il est un fait que, dans ce face-à-face qui se joue en lui, Richelieu a fait un choix : son pôle masculin doit par tous les moyens écraser ce pôle féminin qu'il ne parvient pas à intégrer. Peut-être pourrait-on voir dans ce choix radical la source du point extrême auquel cette tension est portée, alors que la sagesse aurait sans doute été de « réconcilier les opposés ». Richelieu n'admet pas ses « nerfs de femme », cherche à les dissimuler par tous les moyens, et ne parle jamais autant de « raison » que lorsqu'il se ressent irrationnel. Sans doute est-ce la raison des tendances misogynes qui lui ont souvent été reprochées. Il est vrai qu'il qualifie à plusieurs reprises les femmes « d'animaux » (« Rien n'est plus capable que ces animaux de perdre un État »), au motif, qui peut faire sourire de sa part au vu de nos dernières observations, que « leur esprit, qui est d'ordinaire plus faible que celui de l'homme, peut plus facilement se flatter en la douceur d'une imagination avantageuse ». A charge d'excuse, il faut souligner combien ce sont souvent des femmes qui, durant son ministère, menacent de faire s'écrouler toute sa politique : Marie de Médicis, qui hait son ancien protégé, la duchesse de Chevreuse, tête pensante et agissante d'à-peu-près tous les complots tramés contre lui les premières années, Anne d'Autriche, qui le déteste, voyant en lui le tyran qui monte la France contre l'Espagne, son pays d'origine, avant que le souci des intérêts de son fils, le futur Louis XIV, ne lui fasse changer d'avis, à l'extrême fin de la vie du Cardinal, Mme de La Fayette et Marie de Hautefort, amours platoniques du Roi qui menacent de retourner celui-ci contre lui… Il y a sans doute, dans cette confrontation presque constante de Richelieu aux femmes de son temps, une expression de l'opposition Soleil-Lune et du combat qu'il livre contre sa propre part féminine. Il nous reste maintenant à voir comment les autres éléments de son thème natal lui ont permis de sublimer cette grave tension intérieure. Grandeurs et faiblesses d'une Vénus culminante en Lion Si l'on applique la règle traditionnelle qui veut que l'on accorde une attention particulière aux planètes situées à proximité des angles du thème natal, on doit alors noter la proximité de Vénus avec le Milieu du Ciel du Cardinal (conjonction à 6 degrés d'orbe), qui constitue la seconde angularité de son thème, après la superposition de Mars sur son Ascendant. Or, d'un point de vue caractérologique, Richelieu n'est pas vraiment un vénusien… Nerveux-bilieux, il lui manque justement la légèreté et les dispositions pacifiques et accommodantes du tempérament sanguin auquel se rattache Vénus. Conformément à la symbolique traditionnelle, cette angularité au Milieu du Ciel se manifeste donc davantage dans la destinée que dans la personnalité du Cardinal. De ce point de vue, il faut rattacher à cette Vénus puissante les protections dont il bénéficia toute sa vie et les affections qu'il eut le don de s'attirer. Si Richelieu n'est certes pas un « favori », comme le fut pour Louis XIII le duc de Luynes avant lui, ou le duc de Buckingham à la même époque pour le roi d'Angleterre, il est néanmoins redevable d'une grande partie de son ascension à ses différents « mécènes ». Vénus oblige, ceux-ci furent d'abord des femmes, ce qui vient tempérer nos observations sur l'opposition de Richelieu et des filles d'Ève. Après les États généraux de 1614, il est repéré par Léonora Galigaï, puis, surtout, par Marie de Médicis, qui en fit son protégé. Enfin parvenu au pouvoir, son existence politique, et même physique, est constamment suspendue à la faveur du Roi, qui, si elle menaça plusieurs fois de lui échapper, ni lui fit finalement jamais défaut aux moments décisifs. Cette protection royale préside à sa destinée comme sa Vénus en Lion trône au sommet de son thème : il est impossible de ne pas faire le parallèle. Il faut d'ailleurs croire qu'il était « écrit dans les astres » que Richelieu bénéficierait d'une telle protection : le Soleil en maison XI est l'indice d'un appui solaire, et la présence du maître du Milieu du Ciel en XI indique que la destinée est placée sous l'influence d'une protection ou d'une amitié. Enfin, Vénus a joué dans la vie du Cardinal son rôle « d'étoile du Berger », lui apportant une protection mystérieuse et pour tout dire quasi-surnaturelle face à la multiplication des complots et tentatives d'assassinat dont il fit l'objet, et qui, en dépit de ses crises d'abattement, ne le détournèrent jamais de l'idéal qu'il s'était fixé. Le fait que Vénus ne joue pas un rôle actif dans son tempérament ne signifie pas qu'elle n'occupe pas une place primordiale dans sa structure intérieure. A maintes reprises dans sa vie, cette Vénus en Lion angulaire fait sentir sa présence. Elle fait de lui un mécène, grand amateur d'art, protecteur des arts et des lettres, fondateur de l'Académie française [20]. Combinée avec son Mercure dominant, elle explique son amitié pour les hommes de lettres qu'il s'attache à promouvoir, même s'il peut lui arriver d'éprouver quelque jalousie dans ce domaine où lui-même rêverait de briller, jalousies auxquelles on a voulu rattacher ses mesquineries à l'égard de Pierre Corneille [21]. Cette Vénus solaire et culminante est également à la source de son amour du faste, autre sujet de reproche de la part de ses détracteurs. Il est vrai que Richelieu raffole des belles propriétés, et qu'après s'être fait construire le Palais-Cardinal, que Louis XIII rebaptisera Palais-Royal à sa mort, après qu'il le lui ait légué, c'est toute une ville dominée par un château somptueux (« le château le plus important jamais édifié par un sujet du Roi [22] ») qu'il décide de faire bâtir, dessinant lui-même les plans avec son architecte Jacques Lemercier [23]. Comment ne pas classer également dans le registre Vénus-Lion son amour des pierres précieuses, dont il fait la collection ? Sans compter la pompe dont il s'entoure jusque dans ses déplacements, qu'il effectue toujours entouré d'une centaine de gardes en casaque, chiffre que les exigences de sécurité ne suffisent pas à justifier. Mais cette Vénus joue également un autre rôle dans le thème du Cardinal. Par sa position culminante, elle semble mettre en valeur le signe qu'elle occupe et derrière lequel elle s'efface en partie : le Lion, dans lequel se trouve également le Milieu du Ciel, et qui procure à Richelieu quelques-uns de ses traits de caractère les plus marquants : amour de la grandeur et de la gloire, tempérament passionné, talents de chef, magnétisme personnel, tendances autoritaires et quelquefois orgueilleuses, caractère fier jusqu'à l'excès. Par une réaction en chaine, l'importance du signe du Lion valorise à son tour le Soleil, son maître. Il y a donc, dans cette culmination léonine, un élément qui, dans le cadre de l'opposition Soleil-Lune du Cardinal, fait définitivement pencher la balance en faveur du premier. La puissance de son idéal solaire, teinté à la fois par la Vierge et par le Lion, explique la répression qu'il choisit d'exercer sur sa Lune en Poissons, d'une sensibilité aquatique et qui ne peut que se sentir étrangère dans ce paysage psychologique. Et, comme souvent dans ces cas de refoulement, celle-ci ne s'exprime plus que de façon sporadique mais extrême. Richelieu, s'il porte donc en lui les excès solaires, exprime également les tendances ascétiques de l'astre du jour, en choisissant de subordonner sa nature, de façon assez brutale il est vrai, à ce qu'il considère être l'œuvre de sa vie : l'ambition politique personnelle, certes, mais aussi le service du Roi, de l'État et de Dieu, trio inséparable aux yeux du Cardinal-Ministre. Cette voie, que le destin semble lui avoir désigné d'office en imposant à ce bouillant officier en herbe d'entrer dans les ordres, il la poursuit ainsi à la maturité. Sa réalisation passe par une sublimation des dimensions instinctives et affectives puissantes de sa personnalité ; nous serions tentés de dire : une spiritualisation. N'est-ce pas là la signification profonde de la culmination d'une Vénus solarisée qui se trouve, nous devons y prêter attention, en Maison IX et en conjonction à Neptune ? Une conjonction Saturne-Pluton en Maison VI : le calvaire de Richelieu Dans la multiplicité des tendances qui se rencontrent dans son thème natal, Richelieu a fait le choix de se soumettre à la plus forte d'entre elles, la tendance solaire, et d'y soumettre radicalement toutes les autres. C'est une voie aride, et ce d'autant plus que son tempérament le rend impitoyable envers lui-même, exigeant sans cesse de faire taire son hypersensibilité. Tel est le dernier point que nous voudrions aborder dans cette première partie de notre étude : si l'idéal du Cardinal est lumineux, le chemin pour l'atteindre est parfois des plus sombres. Nous avons vu, au début de notre analyse, que Richelieu était prédisposé à faire ce choix d'une vie totalement concentrée sur une passion violente et exclusive en raison du trigone de son Mars en Scorpion dominant à Uranus. Il faut ici boucler cette exploration des astralités de naissance du Cardinal en revenant à Mars. Homme d'action, même si celle-ci est continuellement passée au crible de sa cérébralité, ce n'est que par sa puissance marsienne que Richelieu peut réaliser l'idéal qu'il se propose, et ce à deux niveaux. Tout d'abord, il a besoin de mobiliser la force vitale exceptionnelle qu'elle lui procure, et que nous avons évoquée plus haut, pour se réaliser. La conjonction très rapprochée de Mars avec son Ascendant peut ainsi se lire, au terme de ce développement, d'une façon nouvelle et plus profonde : si elle représente le tempérament bilieux et la puissance inquiétante de « l'homme rouge » décrit par la légende, elle indique aussi la violence qu'il exerce sur lui-même : c'est une action de Mars sur son Ascendant, c'est-à-dire sur sa nature, qu'il lui faut en permanence discipliner. Ensuite, et dans la continuité de ce que nous venons de dire, Richelieu doit, pour se réaliser, intégrer le potentiel de la dernière figure de son thème qui se trouve placée sous la maîtrise de Mars : la conjonction Saturne-Pluton en Bélier en maison VI. Un lecteur familier du symbolisme planétaire percevra immédiatement ce que peut représenter l'association de ces deux astres. Les valeurs d'ascèse et de restriction sont combinées avec les valeurs de transformation, de mutation radicale. « Dirigée » par un Mars en Scorpion, cette conjonction représente le lieu symbolique de la « mort » et de la « renaissance » du Cardinal, celui où il s'efforce de « tuer » sa nature instinctive et de « renaître » entièrement au service de son idéal solaire. Sur fond Bélier, cette renaissance s'effectue de façon brutale, violente, radicale. Mais c'est surtout la maison dans laquelle se situe cette conjonction qui est révélatrice. La maison VI représente en effet, en premier lieu, la santé. Cette configuration douloureuse explique l'un des faits majeurs de l'existence de Richelieu : les problèmes de santé dont il fut continuellement accablé. En 1611, à l'âge de vingt-six ans, il connaît ses premiers accès de fièvre ; ceux-ci ne vont plus jamais le quitter. On sait qu'en astrologie médicale, le Bélier est le signe le plus sujet aux fièvres. Les régions du corps touchées par la maladie sont également en correspondance avec le thème. Ainsi, les problèmes de Richelieu semblent se concentrer sur la tête (il souffre de migraines qui le laissent terrassé), laquelle est associée au Bélier, et sur la région génitale (hémorroïdes, ulcérations anales, calculs urinaires [24]), qui, elle, est associée au Scorpion. Les dix dernières années de sa vie, il n'écrit pratiquement plus : des abcès sur le bras droit le lui interdisent presque tout le temps, et il doit donc dicter ses papiers. Cette image d'un Richelieu au corps réduit à la plus grande faiblesse mais soutenant la France par la force de son seul esprit est bien sûr entrée dans la légende, mais ses détracteurs, eux, se sont surtout plu à en tirer des leçons de morale contre lui. Mathieu de Morgues, le pamphlétaire le plus virulent (et le plus doué, il faut le dire) dressé contre lui écrivait ainsi ces lignes à son attention : « Les maux de tête, les ardeurs du sang, ces fièvres de lion qui ne vous quittent point, les seringues, les lancettes et les baignoires, vous donnent avis que non seulement vous êtes mortel, mais que vous possédez la vie avec des conditions onéreuses ». Mais la maison VI n'est pas seulement celle de la santé. Elle est aussi celle du service, et cela nous ramène à la Vierge, le sixième signe, dans lequel Richelieu a son Soleil. Son thème est ainsi disposé que, pour atteindre à son idéal solaire de service, il semble devoir passer par une sorte de « purification » dans la sixième maison, purification qui, tant bien que mal, détruit tous les scories de sa personnalité mais se heurte à une résistance continuelle du corps. Saura-t-on jamais jusqu'à quel point l'adversité permanente contre laquelle Richelieu dut lutter en politique ne reflétait pas celle de son propre corps, elle-même symbolisant avec la lutte qu'il avait à mener face à ses propres démons intérieurs ? Toujours est-il que, si l'on s'en tient au plan de son œuvre, celle-ci nous montre un homme qui, avec ses grandeurs et ses faiblesses, a sacrifié une part de son humanité dans le service du Roi, de l'État et de Dieu, dont il avait fait le but de son existence. C'est dans ce sacrifice, sans doute, que se situe l'enseignement qu'il peut encore, peut-être, nous donner. La seule justification ou dignité du politique repose sur sa capacité « sacerdotale » : est-il capable ou non, sans phrases inutiles et à force d'inlassable volonté, de reproduire le miracle quotidien du pouvoir qui gouverne et qui unit ? C'est la seule vraie question, celle sur laquelle s'achève le Testament politique, composé étrange de foi et de pragmatisme, mélange de calcul et de passion. Telle est la leçon exigeante que Richelieu, épuisé, retient au seuil de la mort et qu'il adresse à tous ceux qui le suivront : le pouvoir est sans volupté [25]. Armand d'Aigleville Le 29 décembre 2012 [1] Cf. PETITFILS (J.-C.), Louis XIII, Perrin, Paris, 2008, p. 591 [2] La plupart de ces qualificatifs ont été recensés par François Bluche, in BLUCHE (F.), Richelieu, Perrin, Paris, 2003, p. 365 [3] Sonnet anonyme, cité par BLUCHE (F.), op. cit., p. 368 [4] LE SENNE (R.), Traité de caractérologie, PUF, Paris, 1973, p. 364 [5] ERLANGER (P.), Richelieu, Perrin, Paris, 1985, p. 218 [6] BARBAULT (A.), Le champ de Mars, consulté sur : http://ift.tt/2g5SBiu [7] La Miliade, pamphlet anonyme de mille vers, cité par ERLANGER (P.), ibid., p. 207. [8] Cité par CARMONA (M.), La France de Richelieu, Editions Complexes, Paris, 1985, p. 297 [9] DETHAN (G.), Mazarin, p. 218 [10] Tallemant des Réaux [11] Ces anecdotes, et d'autres aussi significatives, sont racontées par Michel Carmona. Cf. CARMONA (M.), op. cit., pp. 298-300 [12] HILDESHEIMER (F.), Richelieu, Flammarion, Paris, 2004, p. 300 [13] L'expression est de Mme Hildesheimer. [14] « On ne dira jamais assez clairement combien l'évêque de Luçon devenu Cardinal-ministre demeure un membre éminent de son ordre, de ce clergé dans lequel il ne fit jamais figure d'intrus » (F. Hildesheimer, op. cit., p. 437) [15] BARBAULT (A.), Astrologie. Symbolique, calculs, interprétation, Seuil, Paris, 2005, p. 472 [16] HILDESHEIMER (F.), op. cit., p. 333 [17] BLUCHE (F.), op. cit., p. 199 [18] HILDESHEIMER (F.), op. cit., p. 26 [19] CARMONA (M.), op. cit., p. 297 [20] Dans ce domaine, il faut noter que la musique semble le seul art absent du mécénat Cardinalice. Si Louis XIII, Balance ascendant Cancer, au tempérament mélancolique, ne peut pas vivre sans musique, Richelieu, mercurien amoureux des mots, semble y être totalement insensible… [21] Corneille bénéficia, à ses débuts, de la protection et des encouragements du Cardinal, avant que celui-ci ne décide d'appuyer la « querelle du Cid » qui s'abattit contre lui. C'est ce qui nous valut les fameux vers : « En vain contre le Cid un ministre se ligue / Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue ». On a beaucoup reproché cette attitude à Richelieu, mais il faut tout de même souligner qu'une pièce à la gloire de l'Espagne au moment même où la France venait d'entrer en guerre avec cette dernière ne pouvait guère être la bienvenue… Après la mort du Cardinal, Corneille refusera de parler de lui : « Il m'a fait trop de bien pour en dire du mal ; il m'a fait trop de mal pour en dire du bien ». [22] HILDESHEIMER (F.), op. cit., p. 286 [23] La ville de Richelieu, en Indre-et-Loire. La cité rêvée par le Cardinal ne fut jamais achevée, mais elle conserve aujourd'hui encore sa structure d'une symétrie totale et remarquable, qui devait illustrer l'idéal de raison et d'équilibre prôné par son géniteur. [24] Pour l'anecdote, Richelieu fut également soigné pour une maladie vénérienne au début de ses études de théologie ! Mais il est fort possible que celle-ci ait été contractée peu de temps avant, alors qu'il était encore à l'Académie de Pluvinel et se destinait à être soldat et non pas prêtre… [25] TEYSSIER (A.), Richelieu. La puissance de gouverner, Michalon, Paris, 2007, p. 117 - Artículo*: Charles RIDOUX - Más info en psico@mijasnatural.com / 607725547 MENADEL Psicología Clínica y Transpersonal Tradicional (Pneumatología) en Mijas y Fuengirola, MIJAS NATURAL *No suscribimos necesariamente las opiniones o artículos aquí enlazados
 

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